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26 février 2011 6 26 /02 /février /2011 12:30

 

singe-des-flandres-1

 

 

Oui, c'est une terrible nouvelle

   

 

non non, ce n'est pas à cause de la pollution, de la déforestation ou du réchauffement de la planète,

c'est à cause de l'industrialisation

 

Car le singe des Flandres, ce n'est pas celui là, la haut,

(là haut, c'est un singe japonais qui va très bien)

 

 

Je vous parle de celui ci, en bas

 

 singe-des-flandres-2

 

Vous ne voyez pas de singe sur cette dentelle ?

Je vous rassure, j'ai mis très longtemps à le voir moi aussi.

 

 

singe-des-flandres-3 

 

 

 

Les dentellières de la fin XIXème et du début XXème faisaient des mètres et des mètres de petits galons sans grand intérêt pour gagner leur vie, sous la pression de la dentelle mécanique.

 

A tous ces petits motifs qu'on retrouvait régulièrement, elles donnaient un nom.

Il y avait par exemple le Chapeau de curé, les Lunettes, l'oeil de poisson, etc.

 

Et à ce motif très fréquent et très célèbre dans les petites dentelles de Flandre,

on donnait le nom de Singe.

 

 

 

 

 

 singe-des-flandres-4

 

 

 

 

 

 

 

 

Alors si, comme moi vous avez du mal à visualiser ce fameux singe, je vous propose de regarder ce dessin.

 

 

Martine Bruggeman s'était amusée il y a quelques années à faire un petit prospectus sur lequel elle avait dessiné à sa façon quelques uns des motifs traditionnels des dentelles flamandes. 

 

Et maintenant, grace à elle, je vois enfin le fameux

Singe de la dentelle de Flandre.

 

 

Mais, pour en revenir au début de cet article,

il faut bien avouer que ce pauvre petit singe flamand a pratiquement disparu, terrassé par l'industrie de la dentelle.

car les dentellières amateurs actuelles ont envie de travailler des motifs plus .... élaborés ....

ça s'comprend  

 

Bon week end  à toutes et tous

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29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 20:00

 

  HONITON-05r

 

 

Je vous propose aujourd'hui de regarder de près

une dentelle anglaise,

aux fuseaux,

à fils coupés,

de la fin XVIIIème, début XIXème.

 

 

Elle ressemble à certaines dentelles de Bruxelles, et pour cause ...

c'est ce qu'on lui demandait :

reproduire, en moins cher, et sur le sol anglais,

cette dentelle qu'on faisait venir à prix d'or de Belgique en contrebande.

 

 

Alors, à quoi ressemble-t-elle cette dentelle ?

Comment la reconnaît-on ?

 

 

Comment vous dire ....

....

  heuuuuuu

regardons quelques photos d'abord

 

  HONITON-02rr

 

HONITON-04r

 

Vous avez remarqué la grâce, la délicatesse des motifs?

 

Vous avez remarqué ces jolis papillons légers et aériens,

ces oiseaux tout en finesse, ces fleurs délicates ?

 

Vous avez remarqué la magnifique composition d'ensemble, si élégante ? 

 

 

hein ?

non ?

  vous n'avez rien remarqué de tout ça ?

   

En fait, vous avez vu des oiseaux obèses, des fleurs lourdes et molles, des feuilles informes, des papillons à peine reconaissables  

 le tout posé en vrac ?

vous trouvez ça  lourd et maladroit   ?

 

 

Alors oui , vous avez bien vu ...

 

 c'est de la Honiton ! 

 

 

 

Bon, voilà .... ça, c'est dit

...

  Si jamais mon blog avait réussi à gagner 2 ou 3 lectrices anglaises

... il vient à l'instant de les perdre ! 

 

 

Et oui, c'est le problème de la Honiton : c'est une dentelle très fine, qui peut nous offrir plein de petites merveilles techniques, des détails raffinés

travaillés par des dentellières expertes.

 

mais qui a hélas été desservie par des dessinateurs peu talentueux

(si dessinateur il y avait, on se le demande parfois)

et surtout des marchands pressés qui mettaient tous les éléments en vrac pour aller plus vite.

 

Même sur les plus belles pièces comme celle qui suit, la composition reste "fouillis", alors que  les motifs sont bien dessinés et élégants.

 

HONITON-08r 

 

Voyons plus en détail ce qui va nous permettre d'identifier la Honiton 

 

Vous avez compris qu'elle se distingue d'abord par son décor inspiré de la nature. 

 

 

HONITON-01r

 

On y retrouve souvent certains éléments typiquement anglais

et donc typiques de la Honiton

 

La rose (cercle violet )

Le chardon (cercle bleu)

La fougère (cercle vert)

Les trèfles (cercle orange)

Et de petits animaux comme des insectes (cercles jaunes) ou des oiseaux, des araignées avec leur toile comme vous l'avez peut être vu au centre de la photo précédente, etc.

(1)

 

 

HONITON-11r 

C'est une dentelle à fils coupés, c'est à dire que les motifs sont travaillés séparemment,

 

puis ils sont reliés entre eux par des tresses picotées (point bleu) .

 

 

 

Les motifs sont généralement travaillés en mat (point rouge).

 

Il peut y avoir cependant certains éléments en grille (point vert)

 

 

 

 

 

Le relief est donné par des lacets contour (point jaune) ,

parfois remplacés par des bottes de fils pour aller plus vite,

plus rarement un cordonnet

  (2) 

   

HONITON-12r

 

  

 

 

Une grande caractéristique de cette dentelle est l'abondance des points de remplissage fantaisie (points oranges)

 

Points de remplissages qui seront souvent à base de points d'esprits carrés (point turquoise) 

 

 

 

 

 

 

 

 

 HONITON-7rr

Ces points de fantaisie la distinguent bien de la dentelle de Bruxelles avec laquelle on peut parfois la confondre.

 

Remarquez aussi que si les dentelles de Bruxelles utilisent  beaucoup les points décoratifs à l'aiguille, vous ne trouverez pas du tout de travail à l'aiguille dans la Honiton,

tous les remplissages sont aux fuseaux. 

 

 

 

Vous avez vu tous ces détails délicats et magnifiques  ?

 

Quand je vous disais que derrière l'aspect lourd de la composition se cachent parfois des trésors de finesse.

 

 

 

 

 

 

HONITON-06r

 

Comme on l'a vu plus haut, les motifs peuvent être reliés entre eux par des tresses picotées

mais aussi parfois par un fond tulle comme sur la photo ci dessus (point rose).

 

 

Les motifs furent aussi très souvent appliqués sur du tulle main (fond Drochel) ou mécanique.

 

Sur cette photo, on voit qu'il ne s'agit pas d'une application sur tulle car, qu'il soit main ou mécanique, les mailles auraient été régulières.

Ici, elles sont déformées et "changent un peu de sens autour du motif : c'est le signe que ce tulle a été directement travaillé entre les motifs, sur le carreau de la dentellière. 

 

Quelques photos supplémentaires    ICI   

 

Et vous, elle vous plait ou pas cette dentelle ?

 

HONITON-9rr

 

 

  Référence des photos dans leur ordre d'apparition:

 

Photo en couleur : petite Honiton, collection perso

bande de Honiton fin XIXème - Allhallows Museum. Honiton

Détail d'un éventail, fin XIXème  - Allhallows Museum. Honiton

Volant fin XIXème - - Allhallows Museum. Honiton

Toutes les photos qui suivent sont des gros plans de dentelles du Victoria et Albert Museum de Londres

 

 

  (1)  ces motifs de chardon, fougère, trèfles, etc .... posés un peu n'importe comment ....

ça ne vous fait penser à rien ?

vous retrouvez exactement la même chose dans la "dentelle" d'Irlande au crochet

et oui en dentelle, c'est comme dans les familles, il y a des ressemblances qui ne trompent pas

 

 (2) Pour voir un gros plan du "lacet contour" et de la "botte" , aleez sur l'article concerné à La rosaline, et regardez le motif nomme "les poissons" 

 

 

 

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26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 16:25

 

Point angleterre01 p500

 

 

Si vous vous y connaissez un peu en dentelle, vous savez sans doute que le terme

point

désigne une dentelle à l'aiguille, 

tout indique donc que je vais vous parler

 

d'une dentelle à l'aiguille anglaise

 

 

 

pfffff  trop facile

 

facile ..... mais  faux  !!! 

 car la dentelle a ceci de commun avec la grammaire française : elle est truffée d'exceptions et de pièges.

 

 

 

Et oui, si Point désigne généralement une dentelle à l'aiguille (Point d'Alençon, Point de Sedan ...) il y a des exceptions comme par exemple le Point de Paris entièrement travaillé aux fuseaux,

 

ou notre Point d'Angleterre

 

qui est en fait une dentelle mixte : fuseaux et aiguille.

 

Et, cerise sur le gâteau, ce n'est pas une dentelle anglaise .....

mais belge !

 

 

ah oui ?

et qu'est ce qu'elle vient faire l'Angleterre alors ?

 

Et bien, c'est au XVIIème et XVIIIème siècle qu'on commence à parler de "dentelle d'Angleterre", ou de "point d'Angleterre".

Dans une Angleterre qui interdisait l'importation de dentelles étrangères et où la contrebande battait son plein (clic), cette appellation était une sorte de ruse commerciale, censée permettre aux marchands anglais de vendre en toute tranquillité sur leur sol des dentelles importées.

Sous ce nom, on trouvera pendant ces deux siècles des dentelles aux techniques et aux styles très différents.

 

Vers 1850, les marchands de dentelles bruxellois reprirent ce nom pour une dentelle mixte qu'ils commercialisaient à l'époque.

Et aujourd'hui, quand on parle de Point d'Angleterre c'est à cette production du XIXème siècle qu'on fait référence.

 

 

Alors maintenant, voyons de plus près de quoi il s'agit.

 

 

L'impression générale d'abord : C'est une dentelle très fine, extrêmement légère, généralement très soigneusement travaillée avec un fil d'une grande finesse.

 

Les décors sont le plus souvent fleuris, comme sur cet exemple (hauteur 13cm)

 

Point angleterre02 p600

 

 

Point angleterre09 p300

 

 

 

 

mais on trouve aussi hélas assez souvent des compositions un peu mièvres, très répétitives,

  

ou au contraire plutôt chargées et lourdes comme sur l'exemple de droite.

 

 

 

 

 

 

 

Regardons la de plus près encore.

 

  Point-angleterre03_p500-copie-1.JPG

 (taille réelle : 2,5 cm) 

 

Les motifs sont réalisés aux fuseaux , en mat (point violet) ou grille (point vert)

et parfois cernés d'un fin cordonnet (flèche jaune).

 

Pour les non dentellières, sachez que la dentelle aux fuseaux, c'est du tissage .

Et si vous regardez le motif en très gros plan, que voyez-vous  au niveau des points violets ? 

du tissage ...  genre vieux torchon usagé 

Et bien si vous voyez des motifs avec des parties genre vieux torchon usagé,

c'est que vous regardez de la fine dentelle aux fuseaux

 .... voui ... c'est pas flatteur, mais c'est comme ça.

   

Et le fil plus épais qui entoure le motif est ce qu'on appelle le cordonnet.

 

 

 

Les motifs sont rehaussés de parties en relief, elles aussi faites aux fuseaux.

Ces reliefs sont réalisés en  lacet contour (flèche orange)

ou avec la technique de la botte de fils (flèche rose)

 

 

 

 

Point angleterre06 p350

Grande particularité du Point d'Angleterre :

 

Les motifs aux fuseaux sont ensuite reliés entre eux par un réseau

 point de gaze 

réalisé à l'aiguille (point jaune).

 

Je vous avais proposé il y a quelques temps un exercice de reconnaissance de ce point à l'aiguille (clic)

   

Vous remarquerez au passage sur cette photo qu'il n'y a pas de cordonnet autour du motif.

La présence du cordonnet n'est pas systématique. 

 

 

 

Point angleterre05 p350

 

 

   

 

 

 

et enfin, au niveau des points bleus sur les photos, un autre élément très caractéristique du Point d'Angleterre :

 

ce sont ces ornements à l'aiguilles, si fins et si décoratifs,

appelés " fonages " (*).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Point angleterre07 p200

 

 

Dans beaucoup de Points d'Angleterre, on retrouve des fonages en formes de roues, des ribambelles de roues à l'aiguille,

 

  Point angleterre08 p300

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

  

 

Cette dentelle fine et délicate était surtout utilisée pour des mouchoirs, des accessoires de vêtements comme ce bonnet de mariée, etc

généralement donc des articles de petites dimensions.

 

Point angleterre10 p300 

   

En regardant ce bonnet, en se rend bien compte que le Point d'Angleterre, si on ne le regarde pas en détail, peut très facilement être confondu avec la Duchesse de Bruxelles, le Point de gaze, l'application d'Angleterre etc.

 

Et oui, il est très difficile de s'y retrouver dans toutes ces dentelles bruxelloises, d'autant qu'elles se ressemblent beaucoup avec leurs motifs floraux très chargés, selon les goûts du second empire.

Mais en les examinant en détail, on arrive facilement à les différencier.

 

Ainsi, aujourd'hui,

si vous avez eu le courage de tout lire,

 je suis sûre que vous saurez sans hésiter reconnaître

 

un Point d'Angleterre.

 

 

  guirlande_fleur.gif

 

 

  (*)

 

Quand vous regardez une longue bande de Point d'Angleterre, ne croyez pas que c'était l'oeuvre d'une seule dentellière aux mille talents, capable de manier les fuseaux comme l'aiguille.

 

Non,non : il y avait la dentellière aux fuseaux qui réalisait les motifs ...

et même généralement plusieurs dentellières aux fuseaux : sur une même bande de dentelle, vous pouvez avoir des motifs réalisés par différentes dentellières, ce qui permettait de réaliser un long métrage plus vite.

 

Ensuite les motifs étaient reliés entre eux par des dentellières à l'aiguille qui réalisaient le réseau en point de gaze.

 

Et enfin les fonages étaient travaillés par des dentellières à l'aiguille particulièrement expertes et habiles : les foneuses .

 

 

guirlande_fleur.gif

 

 

Références des images numérotées.

1 - bonnet de mariée fin XIXème - Musée du costume et de la dentelle de Bruxelles

2 -  Volant - Royal Albert Memorial Museum

3 - Volant début XXème - Musée du costume et de la dentelle de Bruxelles

 

Mes sources pour cet article :

L'Europe en dentelle de Martine Bruggeman

La dentelle de Bruxelles dans les collections des Musées de la ville. Publication du Musée de la dentelle et du costume de Bruxelles.

La dentelle et la broderie sur Tulle de Pierre Verhaegen

 

 

 

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18 juillet 2010 7 18 /07 /juillet /2010 18:20

 reseau2 p400

Il y a quelques temps, j'avais écrit un article pour "apprendre à regarder les dentelles" (clic)

 

C'était le premier d'une série qui a pour but de vous permettre de savoir si les petits bouts de dentelle que vous gardez précieusement sont faits à la main, aux fuseaux, à l'aiguille, ou s'ils sont mécaniques par exemple.

 

J'essaye de faire en sorte que ces articles s'adressent aussi (et peut être surtout)

aux non-dentellières.

 

 

Je vous avais dit que reconnaître une dentelle, c'était :.

-  accumuler les indices
-  et s'exercer

  un vrai travail d'enquêteur .... genre les Experts Miami

 



Aujourd'hui, nous allons regarder un nouvel indice :

 

le réseau ( = le fond)

 

Une dentelle est constituée de motifs liés entre eux par un réseau de mailles ajourées.

Il existe des centaines de réseaux différents, aussi bien aux fuseaux qu'à l'aiguille,

nous allons commencer par deux réseaux simples, genre 'tulle"  

 

le "fond de gaze" à l'aiguille

 

et le "fond clair" aux fuseaux  

 

 

 

 

 

Une petite remarque tout d'abord, une petite constatation qui permet de distinguer assez facilement la dentelle aux fuseaux des autres techniques

 

Dans la plupart des ouvrages de dentelle ou assimilés,

le travail est fait avec 1 seul fil (*),

et il consiste à faire des 

  rangées de boucles empilées les unes sur les autres.

 ftricot

 

 

 

C'est tout simplement le principe bien connu du tricot :

on a une rangée de mailles,

 et dans chaque maille de la première rangée, on tire une boucle de fil pour former une nouvelle maille de la deuxième rangée.

 

 

 

 

fcrochet 

 

Idem pour le crochetfrivolité

 

 

 

 

 

 

 

la frivolité

 

filet2 

 

 

 

ou encore le filet

 

 

 

 

 

 

faiguille2

 

 

 

Pour la dentelle à l'aiguille, c'est la même chose.

 

 Avec l'aiguille, on forme une nouvelle rangée de boucles en s'accrochant dans les boucles du rang précédent par une sorte de point de feston tortillé.

 

 

Il existe de nombreux points de réseaux à l'aiguille, celui dessiné ici est un point simple du type "point de gaze"

 

 

Voici le résultat en photo

faiguille 

 

 

 

 

Des boucles, des rangées successives, des noeuds, et 1 seul fil pour bâtir son ouvrage

c'est donc  ce que vous trouverez partout

.... sauf dans le travail aux fuseaux.

 

 

fx

 

 

 

 

Sur une dentelle aux fuseaux, aucune boucle, aucun noeud dans le réseau, jamais (*) ,

 

et plein de fils qui travaillent en même temps, tous accrochés à leur fuseau respectif.

 

Les fils passent les uns sur les autres, s'entrecroisent,

c'est du tissage en quelque sorte.

 

 

 

 

 

 

 

 

fx2fond clairRéalisation du "fond clair"

aux fuseaux,

et le résultat en photo

 

Vous voyez qu'on ne s'accroche pas dans une maille pré-existante pour créer le réseau.

 Les fuseaux passent naturellement d'une maille à l'autre.

Chaque maille est maintenue en place par un épingle provisoire qui sera retirée une fois le travail suffisamment avancé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme vous pouvez le voir en comparant la photo en début d'article avec celle qui suit,

sur une vue d'ensemble et sans compte fil, il n'est pas facile de distinguer un fond clair aux fuseaux d'un point de gaze à l'aiguille. 

 

Si vous vous y connaissez un peu en dentelle, vous allez me dire que les fleurs sont réalisées aux fuseaux sur les deux échantillons.

Oui ...  mais pas le réseau !

 

reseau1 p300

 

Je précise bien que reconnaître le réseau, ce n'est pas reconnaître la dentelle dans son ensemble.

Mais c'est un des éléments indispensable pour identifier la dentelle. 

 

 

Je vous ai concocté un petit diaporama pour vous exercer.

 

 

 

Diaporama dans lequel j'ai rajouté aussi le filet qui prête parfois à confusion.

  filet

 

 

 

Pour voir le diaporama,

cliquez sur le p'tit bonhomme avec l'appareil photo

 

La réponse est à côté de chaque photo ... mais ne trichez pas, essayez de trouver lequel de ces trois fonds vous avez sous les yeux avant de lire.

 

  smiley photographe

 

  

 

J'espère que ça vous a un peu aidé ?

 

Rendez vous pour le prochain indice alors ?

  

 

 

 

  

Si ça vous interesse, vous pouvez aussi aller voir : 

  • l'article sur la dentelle de Beveren, une dentelle aux fuseaux, à fond clair,
  • et celui sur la Chebka, une dentelle à l'aiguille. Elle n'a pas de réseau à proprement parler, mais vous verrez une autre illustration de la façon de travailler les mailles.

 

 

 

 

 

 

(*)  que les puristes ne m'en veuillent pas. Dans un souci de simplification, je vais mettre des "toujours" et des "jamais" un peu abusifs dans ce type d'article afin de ne pas tout compliquer avec les exceptions qui sont fort nombreuses en dentelle..

Alors oui, c'est vrai par exemple que dans la frivolité, on peut travailler avec 2 fils au lieu d'un;

 oui c'est vrai qu'on fait des boucles au niveau des accrochages dans la dentelle aux fuseaux

...  mais on ne va pas l'évoquer pour l'instant









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23 janvier 2010 6 23 /01 /janvier /2010 19:40

Malines01



La dentelle de Malines est une dentelle belge originaire, sinon de la ville même dont elle porte le nom, au moins de sa région.
Elle fait partie d'une prestigieuse souche commune dont les membres vont petit à petit prendre leur indépendance et mettre en avant leur particularité devenant respectivement la Valenciennes, la Binche, la dentelle de Flandre ... et la Malines.



Pourquoi la "petite" Malines ?

Parce que je ne vais pas vous parler ici des somptueuses Malines du XVIIIème siècle, qui se distinguaient entre autre par leur inégalable finesse et par l'extraordinaire richesse de leurs innombrables fonds fantaisie.

Non, je vais vous parler de la Malines XIXème, une dentelle toujours extrêmement fine, mais aux motifs beaucoup plus simples, et qui n'a gardé pratiquement plus qu'un seul réseau, très caractéristique de cette dentelle : le  "fond de glace".


Pourquoi commencer par elle ?

Parce qu'elle est très facile à reconnaître et parce que c'est celle que vous pouvez encore facilement trouver dans les brocantes ou dans  vos greniers, donc celle que vous aurez l'occasion d'avoir entre les mains. Alors je me suis dit qu''il serait bon que vous puissiez la reconnaître.
L'autre, la "grande", on ne la trouve pratiquement plus que dans les musées et les livres hélas.


Il s'agit d'une dentelle aux fuseaux, à fils continus sur réseau à maille hexagonale dit "fond de glace".

Tout d'abord, la Malines (comme la Valenciennes) est toujours restée une dentelle d'une très grande finesse.
Elle n'a jamais été déclinée en fils plus gros comme la dentelle de Flandre ou certaines dentelles à fond clair par exemple
Vous aurez donc toujours entre les mains une dentelle très fine et vaporeuse.


Malines04
A l'oeil nu, on a l'impression de voir une dentelle à fond tulle, type dentelle de Lille.

Mais un oeil exercé, ou encore mieux l'utilisation d'un compte fil, permet de mettre en évidence la  "signature" de la Malines : son réseau.

Vous ne pourrez pas confondre ce réseau avec d'autres  :

 il s'agit d'une maille hexagonale avec,
en haut et en bas, 2 petits pans obliques constitués de 2 fils tordus

et sur les côtés, parallèles à la lisière, 2 tresses de 4 fils.

Il s'agit du "fond de glace" (Isjgrond)



Malines03



Les motifs de la Malines sont traditionnellement en toilé (mat).

Sur la photo de droite, le toilé est signalé par des flèches violettes.

Cependant, au XIX ème siècle, on utilisera de plus en plus la grille (flèches vertes)

et enfin, un élément inséparable de la Malines : le cordon :
un fil beaucoup plus gros qui cerne tous les motifs (flèche jaune)







Malines02
Contrairement à la Valenciennes ou à la dentelle de Flandre dont les motifs sont cernés d'une ceinture continue qui fait la transition entre le motif et le réseau, il n'y a pas de ceinture à proprement parlé (c'est à dire une paire travaillée en passées tordues CTCT) dans la Malines
 
même si, par endroits (tirets rouges) le réseau donne l'impression de dessiner une ceinture autour du motif.
 Mais à  d'autres endroits (flèches jaunes), on voit bien l'absence totale de ceinture.


Quand on travaille le motif, les épingles sont posées à l'extérieur, de l'autre côté du cordon.

Le compte fil permet de bien voir ces "bouclettes" formées par les voyageurs autour de l'épingle (points verts sur la photo).



Sur cette photo qu'on vient d'examiner, on voit bien le réseau avec ses petites tresses :
ces petites barres plus épaisses, à l'horizontale.

A l'horizontale ?
Sur le schéma présenté plus haut , les petites tresses sont à la verticale ?

Oui, car le schéma est fait dans le sens dans lequel on travaille la dentelle.
Par contre, on regarde généralement les dentelles "en longueur" ,  c'est à dire  la lisière en haut, à l'horizontale
.... alors les petites tresses parallèles à la lisière apparaissent donc à l'horizontale.


Malines05


Les motifs de la dentelle de Malines XIXème sont quasi exclusivement des motifs floraux,
des petites guirlandes de fleurs juste en bordure pour les plus simples,
ou des motifs plus élaborés occupant la quasi totalité de la hauteur.


Le fond de Malines est assez difficile à travailler de façon régulière : en effet,  il n'y a pas de poses d'épingles au niveau du réseau , ce qui aiderait  à lui garder sa régularité .
La dentellière doit travailler toute sa "ligne" de réseau d'une seule traite,  jusqu'à la lisière ou au motif suivant qui lui permettront de poser des épingles et de fixer sa ligne de réseau.

C'est pourquoi on trouve souvent dans la Malines des petits motifs semés dans le réseau : ces petits motifs permettent de faire des lignes de réseaux moins longues, de poser des épingles plus souvent et donc aident à la régularité du fond.

Ce sont bien des petits motifs, des pois ou des fleurettes.
Il n'y a pas de points d'esprit carrés dans le réseau comme dans la dentelle de Lille par exemple,
(même si on trouve souvent des petits points d'esprits carrés décoratifs dans les ajours, comme dans les deux petites bandes ajourées de la large dentelle ci dessus.
Vous pouvez voir des exemples de semés sur la première dentelle de l'article, ou sur la photo ci dessous.


Malines06


Devant cette petit Malines étroite destinée à border de la lingerie ou des coiffes, on a envie de dire que la Malines ressemble à la dentelle de Lille :  fond tulle très semblable, et mêmes fleurettes alignées.

mais il serait plus juste de dire l'inverse.

En effet, c'est la dentelle de Lille la "copieuse" : elle a été créée pour imiter la Malines, la technique de la Lille permettant de donner un résultat très approchant, mais beaucoup plus facile et rapide à faire.

Dans les ajours des Malines XIXème, on trouve souvent quelques points fantaisie,  quelques souvenirs de la grande époque de la dentelle de Malines, époque où elle collectionnait les fonds tous plus beaux les uns que les autres, et où le fond de glace était minoritaire, voir inexistant. (il n'est apparu que vers la moitié du XVIIIème siècle).

Dans la dentelle ci dessous, plus ancienne que les précédentes, on voit plusieurs points fantaisie différents.
Dans le motif du bas par exemple, un riche réseau avec de grosses fleurs.
Mais nous sommes encore bien loin des prestigieuses dentelles de Malines du XVIIIème tellement plus extraordinaires.


Malines07




Pour  voir la différence entre le réseau de la dentelle de Malines et celui de la dentelle de Lille par exemple, cliquez ICI.



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29 novembre 2009 7 29 /11 /novembre /2009 19:30



J'ai envie de vous faire découvrir  une dentelle particulièrement chère à mon coeur,

une dentelle tunisienne à l'aiguille qu'on appelle

Chebka.




De la Chebka telle qu'elle était avant le protectorat français, on ne sait pas grand chose  hélas ...



à part que c'était une dentelle uniquement  linéaire, du type entre-deux.

Et qu'elle était utilisée pour orner les vêtements et  le linge des belles citadines : chemises, cols, mouchoirs, etc

Sur ce costume de Monastir, on voit la chemise blanche ornée d'un plastron en chebka
(les manches par contre sont en tulle brodé).













Les femmes travaillaient cette dentelle sur un métier en forme de coussin allongé, sur lequel elles fixaient les deux pièces d'étoffes qui devaient être jointes,  
et elles travaillaient directement l'entre deux en s'accrochant aux deux lisières. 



En Tunisie comme ailleurs, à la fin XIXème, début XXème, les prix tellement attractifs des dentelles mécaniques vont entraîner le déclin de la dentelle locale.

Mais sous le protectorat français, dès le début du XXème, à l'instar de ce qui se faisait en France et en Belgique  pour sauver l'industrie dentellière, en Tunisie aussi des groupes de femmes et des institutions religieuses vont essayer de faire revivre cet art.

C'est ainsi que vont naître des écoles et des ouvroirs, notamment à Bizerte, à Tunis et Carthage.



Dans ces ouvroirs, on va essayer de retrouver les techniques ancestrales transmises oralement de mère en fille,
on va réapprendre les motifs traditionnels,
mais on va aussi faire évoluer cette dentelle, tant en ce qui concerne la technique que les motifs.

En effet, cette dentelle très décorative, et extrêmement solide, était très prisée en France.
Nombreuses étaient les expositions coloniales qui mettaient en valeur "l'art indigène" et montraient les bienfaits de ces institutions religieuses et caritatives qui permettaient la survie d'un artisanat local.

Mais il n'était plus possible de la travailler comme autrefois directement sur la pièce à laquelle elle était destinée.

Il fallait arriver à travailler la dentelle séparément afin qu'elle soit envoyée chez les marchands de dentelle parisiens qui pourraient ensuite les assembler ou les utiliser en incrustation pour l'habillement, mais aussi et surtout pour en faire des tours de napperons, de mouchoirs, des dessus de piano, etc.




On eu alors l'idée de monter sur le coussin deux petites chaînettes, et la dentelle sera travaillée entre ces deux chaînettes comme elle était travaillée entre les deux lisières des tissus autrefois.














Sur le dessin de droite, vous voyez le principe de la Chebka:
on réalise un premier rang entre les deux lisières, puis un deuxième rang qui vient s'accrocher au premier par des boucles, et ainsi de suite.
En "sautant" plusieurs boucles, on peut ainsi réaliser des ajours.






La Chebka était donc pratiquement toujours travaillée en bandes,

mais il est possible de travailler plusieurs bandes en même temps comme le montre cet échantillon.


















L'examen attentif d'un napperon en Chebka permet de distinguer les différentes bandes, travaillées dans des points de fantaisie différents.
Parfois ces bandes étaient travaillées ensemble, mais , pour obtenir un plus grande largeur, elles pouvaient aussi être cousues.
Pour les angles aussi, vous remarquez que les bandes sont tout simplement coupées et cousues à angle droit.

(Sur la photo en tête de l'article, vous voyez par contre un angle cousu en diagonale)





Sur cet autre exemple, volontairement photographié à l'envers, vous voyez bien la couture toute droite aux angles.

Une dentelle à l'aiguille,
aux motifs généralement assez denses
Des motifs géométriques, des zigzags, des carrés, des losanges...
Et surtout cette successions de bandes contiguës, plus ou moins larges

Autant de signes distinctifs de la dentelle Chebka traditionnelle
.




Mais pour répondre à la demande grandissante de la clientèle française,  les ouvroirs tunisiens devront se mettre à faire des bords dentelés et non plus droits, des petits motifs d'incrustation parfois figuratifs, ou bien réaliser des cols,  des bavoirs, des angles de mouchoirs aux angles composés et non plus cousus ....

bref, il va falloir renoncer à faire uniquement des entre deux,
 fini la petite chaînette toute droite !

Les enseignantes de ces ouvroirs vont alors introduire les méthodes de la dentelle à l'aiguille européenne

On va remplacer la chaînette par un simple point de bâti cousu sur du papier kraft.
La dentellière s'accrochera à ce point de bâti comme elle le faisait sur la chaînette.
L'avantage étant que ce point de bâti peut être droit, mais peut aussi très facilement épouser les contours de forme variées







Sur cet exemple, on voit un tour de mouchoir encore fixé à son papier kraft par son point de bâti.

La dentelle est toujours à base de bandes juxtaposées aux motifs variés, mais les angles sont travaillés en même temps, en intégrant ce motif d'étoile qu'on trouve souvent dans la dentelle Chebka.

















Même pour continuer à faire des bandes, les dentellières vont souvent abandonner le coussin pour  ce système du papier kraft .
Su la carte postale ancienne de la maison Lavigerie à Carthage que je vous ai montrée plus haut, vous aviez peut être remarqué que les petites filles n'ont plus de coussins,
 elles ont généralement un carré de papier kraft comme celui du mouchoir ci dessus.

Par contre la petite fille en robe claire au centre travaille une dentelle au mètre sur un long papier kraft enroulé comme celui que je vous montre







Un gros plan permet de voir le travail en cours, et le mélange amusant des techniques :
On a trois bandes contiguës
La bande centrale s'accroche sur deux traits en point de bâti, alors qu'aux extrémités, on retrouve la chaînette.







Sur la photo du bas, on voit un coussin traditionnel ....
mais la dentellière travaille sur du papier kraft avec des points de bâti.

Peut importe la technique pourvu que la dentelle soit belle, n'est-ce pas ?




A noter que cette dentelle a été aussi réalisée dans d'autres pays, comme le Maroc et l'Algérie bien sûr, mais les soeurs missionnaires ont aussi enseigné la technique dans plusieurs pays d'Afrique noire par exemple.










Photo1= L'illustration du costume de Monastir est tiré de magnifique ouvrage "Les costumes traditionnels féminins de Tunisie" édité par la Maison tunisienne de l'édition.

Photo 2 : détail d'un tableau ("Chebka") du peintre tunisien Abdelaziz GORGI
Sur un  numéro (je vais rechercher lequel) de la revue "La dentelle" publiée par le centre d'enseignement du Puy, vous verrez une autre dentellière travaillant la chebka.

Les photos 3 et 4 ont été prises dans le petit livret "Chebka dentelle arabe" écrit par les Soeurs Blanches de Notre Dame d'Afrique. Collection Cartier Bresson

L'illustration 5 est extraite de l'ouvrage "dentelles algériennes et marocaines" par Prosper Ricard.

Les dentelles photographiées font partie de la collection de Sylvie.
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21 octobre 2009 3 21 /10 /octobre /2009 15:10

 


Gros point de Venise
dentelle italienne à l'aiguille,  XVIIème siècle.

Le gros point de Venise, c'est une explosion, une révolution, un coup de tonnerre dans toute l'Europe.

Finis les dessins géométriques imposés par les contraintes techniques des premières dentelles à l'aiguille.
Le gros point de Venise est libre de ses mouvements, et il en profite pleinement,  il multiplie les arabesques, les interminables volutes fleuries qui courent de façon désordonnées,  les feuilles d'acanthes, les grenades, les fleurs de pivoines richement travaillées.

Et les dentellières rivalisent de prouesses techniques, de raffinement, de points différents, d'invention, jouant avec les creux et les reliefs..... oui,  surtout les reliefs !

Le résultat ?
Une riche et somptueuse dentelle sculpturale.

Les éléments décoratifs, inspirés de l'orient sont disposés de façon libre, au moins dans les productions italiennes d'origine.
Plus tard, les copies françaises auront tendance à organiser les éléments décoratifs de façon symétrique autour d'un axe central.

Jusque vers 1650, les motifs sont simplement cousus entre eux.
Dans la deuxième partie du XVIIème siècle, ils seront reliés par des brides picotées qui deviendront de plus en plus nombreuses et ordonnées, présageant de ce que seront les réseaux dans les points à l'aiguille du XVIIIème.


Après avoir lu cet article, mon rêve serait que vous sachiez reconnaître
immédiatement un Gros Point de Venise (1)

..... même si ça n'en est pas !


Un gros point (2) de Venise se reconnaît au premier coup d'oeil :

une dentelle à l'aiguille dense, lourde, très riche;

des volutes et des arabesques interminables et désordonnées;

des fleurs extraordinaires, travaillées avec des points de fantaisie très variés (marqués par des points jaunes sur la photo) : chevrons, pavés diamantés, grilles, etc;

le tout bordé d'un relief  très accentuées (flèches rouges) obtenu en posant sur le bord une mèche de fils plus ou moins épaisse, fixée par des points de boutonnières.

Ces reliefs sur le bord des motifs sont appelés des"brodes", et le gros point de Venise se reconnaît entre autre  à l'extravagante grosseur de ses brodes.

Les motifs peuvent être reliés entre eux par des prides disposées de façon plus ou moins régulière (flèches bleues)







Dans un premier temps, quand vous voyez ça, vous devez tout de suite dire :
Gros point de Venise  !


C'est effectivement un magnifique et très rare col en gros point de Venise.
Pour être honnête, des vrais points de Venise XVIIème siècle, vous avez peu de chance d'en trouver dans vos greniers !
Et même dans les musées, il est  rare de voir des pièces entières comme celle ci, car souvent, la dentelle a été découpée et réutilisée au cours des siècles pour être adaptés aux différentes modes successives.




Quand vous voyez ça, vous devez aussi dire :  
Gros point de Venise



Et pourtant, ça n'est pas du Gros Point de Venise, c'est une imitation, mais ça ne fait rien : c'est une imitation parfaite, travaillée exactement de la même manière, avec les mêmes motifs .... mis plus tardive.
Il faut d'abord savoir reconnaître le Gros Point .... tout en gardant dans un coin de sa tête que c'est peut être une imitation, et là, ça devient une affaire de spécialistes.

Il faut bien se rappeler que cette dentelle a eu tellement de succès pendant plusieurs siècles, qu'elle a été beaucoup imitée, à toutes les époques, dans tous les pays, et dans toutes les techniques.

Le VRAI gros point de Venise du XVII ... il est vieux... souvent abîmé,  sans doute jauni (3), luxuriant mais un peu fouilli, somptueux mais parfois maladroit.
Cette photo vous montre une dentelle trop sagement composée, trop nette, trop parfaite, trop propre, trop blanche, autant d'indices qui font penser à une imitation plus tardive (XVIIIème)
C'est une imitation irlandaise.

En France, au XIXème siècle, la célèbre maison Lefébure d'Alençon s'était fait une spécialité de ce qu'elle appelait le "Point Colbert" et qui était une parfaite imitation de gros point de Venise, travaillé dans les règles de l'art, c'est à dire à la main et à l'aiguille.



Devant ces feuilles d'acanthe et ces brodes très accentuées,
pensez tout de suite au  Gros point de Venise




 même s'il s'agit en fait  ...  d'une dentelle aux fuseaux.


Et oui, quand vous êtes une dentellière aux fuseaux, à une période où le gros point de Venise est à la mode et se vend comme des petits pains, que vous reste-t-il à faire pour survivre ?

Apprendre la dentelle à l'aiguille ? pas possible.

Alors il ne restait plus qu'à l'imiter le mieux possible.

Et il faut dire que l'imitation est quasi parfaite.

 Les toilés ajourés aux fuseaux imitent à merveille les points de remplissage à l'aiguille.

Puis le relief (la brode) était rajouté au bord des lacets et travaillée de façon classique à l'aiguille.









Riche branche fleurie, fleurs de pivoines avec grosses brodes accentuées ?
Gros point de Venise bien sûr !







Mais en fait, il s'agit là d'un gros point de Venise mécanique

 (chimique exactement ... un jour on parlera de la différence entre mécanique et chimique).


Mais belle  imitation !












Et là aussi, même si la photo n'est pas très bonne, aucun doute possible :
 Gros point de Venise !




et pourtant il s'agit dune broderie.

Oui, aussi extraordinaire que ça puisse paraître, ce n'est ni de la dentelle aux fuseaux, ni de la dentelle à l'aiguille, c'est brodé !

Cette imitation me laisse baba !

j'aurais mis ma main à couper .... mais bon, puisque les conservateurs des Musées Royaux d'art et d'histoire de Bruxelles disent que c'est de la broderie, je leur fais entière confiance !

Je crois que j'admire presque plus cette broderie, ainsi que l'imitation aux fuseaux précédente : quel art, quelle maîtrise pour arriver ainsi à faire aussi bien, sinon mieux, que l'original !






Une petite touche d'histoire pour conclure ?


Née en Italie, à Venise, au XVIIème siècle, le Gros Point de Venise  va avoir un succès considérable dans toutes les cours d'Europe et bien sûr en France ou Louis XIV ne pouvait trouver dentelle plus adaptée au Roi Soleil, plus spectaculaire et plus majestueuse.



Quand je disais que c'était une dentelle "sculpturale".
Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de dentelles qui puissent être représentée set aussi reconnaissables taillées dans la pierre !


Sur cette photo d'un buste de Louis XIV, on voit une des utilisations très courante du gros point de Venise à l'époque : en cravate.

Mais on en portait partout sur les vêtements, et elle servait même dans l'ameublement.
















 La noblesse va se ruiner (parfois  au vrai sens du mot !) pour ce Point;
 on cherchera alors par des décrets à en limiter l'importation, mais ces interdits sont sans effet, et le ministre des finances, Jean Baptiste Colbert, se livrera à un véritable espionnage industriel, créera des Manufactures Royales (à Alençon entre autre) et fera venir des dentellières vénitiennes pour qu'elles y enseignent leurs techniques.

Il faut savoir que Venise menaçait ses dentellières de représailles si elles partaient enseigner leur art à l'étranger.
Elles risquaient, sinon la mort, tout au moins de voir toute leur famille emprisonnée si on s'apercevait qu'elles étaient parties en France .... où elles étaient d'ailleurs fort mal accueillies par les dentellières locales (4)

Les différentes manufactures de Colbert eurent un destin inégal, mais celle d'Alençon en tout cas va remplir sa mission à la perfection, jusqu'à égaler les fabrications vénitiennes ... et même les détrôner en créant une nouvelle dentelle : le Point de France .... mais ceci est une autre histoire.










A ne pas manquer

Je vous envoie sur le site du Musée de Retournac qui a comme projet d'organiser un colloque en 2010 sur le gros point de Venise.
A la fin de l'article, vous trouverez plusieurs documents PDF que je vous conseille d'ouvrir : de magnifiques photos, des gros plans superbes, vous permettent de voir plein de détails.
c'est    ICI






(1)attention, bien dire "Gros Point de Venise", ne pas se contenter de dire "Venise", car il existe plusieurs autres dentelles avec Venise dans leur nom.

(2)"Point" s'emploie généralement pour désigner une dentelle à l'aiguille (je dis "généralement", car bien sur il y a des exceptions comme le Point de Paris qui est aux fuseaux .... ben oui, pourquoi faire simple, hein ?)

(3) les dentelles à l'aiguille ont plus tendance à jaunir. En effet, la dentellière à l'aiguille touche beaucoup le fil avec ses doigts, et l'acidité de la peau, de la sueur, aura tendance à faire jaunir le fil.
Les marchands autrefois connaissaient leurs dentellières et savaient celles dont les dentelles auraient plus ou moins tendance à jaunir.
Aux fuseaux au contraire, on ne touche pas son fil avec les doigts et la dentelle restera plus blanche avec le temps. (j'insiste sur le fait qu'on ne DOIT JAMAIS toucher son fil avec les doigts .... même pour rembobiner, débobiner, tirer, etc.... attention ....  je surveille )

(4) Quand j'ai commencé la dentelle, j'ai lu avec avidité un roman de Janine Montupet : la dentellière d'Alencon  (suivi de Judith Rose).
C'est un roman, mais qui permet de découvrir les débuts de la dentelle d'Alençon, l'arrivée des dentellières vénitiennes, le partage du travail (sorte de travail à la chaîne, pour qu'aucune dentellière ne connaisse toutes les étapes de la fabrication .... et ne parte ensuite l'enseigner ailleurs).

Je n'ai jamais relu ces livres depuis, peut être serais je plus critique aujourd'hui ... mais bof, tant pis, ne boudons pas notre plaisir : si vous les trouvez, achetez les et dévorez les (je ne sais pas s'ils sont encore en librairie, mais ils  sont souvent en vente à petit prix sur ebay ou sur le bon coin)





Les stars, dans leur ordre d'apparition à l'écran

1 - Gros Point de Venise XVIIème,Musées Royaux d'Art et d'Histoire Bruxelles
2 - Col en Gros Point de Venise, vers 1660. Musée d'Ecouen
3 -  gros plan d'un Gros Point de Venise, vers 1660
4 -  imitation à l'aiguille du gros Point de Venise, Irlande vers 1886;  Victoria & Albert Museum
5 -  Imitation du Gros Point de Venise aux fuseaux. Flandre, vers 1670
6 - Imitation du gros Point de Venise en dentelle chimique
7 -  col brodé imitant le gros point de Venise. Musées Royaux d'art et d'histoire de Bruxelles
8 - Buste de Louis XIV par Antoine Coysevox - Musée de Beaux Arts de Dijon
9 - Jean Murat - La duchesse d'Orléans et ses enfants (détail). 1680.  Musée du Château de Versailles

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22 août 2009 6 22 /08 /août /2009 18:18






Voici un petit moment que je tourne et vire pour savoir comment aborder le sujet de la reconnaissance des dentelles main, mécaniques, chimiques, fuseaux, aiguille, mais aussi crochet ou autres.

Je vous propose donc aujourd'hui d'entamer une nouvelle série d'articles
pour apprendre à regarder les dentelles.


J'ai commencé par  faire des fiches d'identification des différentes dentelles, et je continuerai à en faire, car c'est  très complémentaire :
la dentelle que vous avez sous les yeux, il est  bon de savoir si elle est mécanique ou main, mais il est aussi très important de savoir si c'est une Valenciennes ou une Malines car les critères et les indices peuvent être différents selon les dentelles.



D'abord, on va éliminer quelques méthodes d'identification complètements fausses :

Ce n'est pas parce que la dentelle vous vient de votre grand mère
que c'est une dentelle main !
Vous qui lisez ce blog, quel que soit votre âge, sachez que votre grand mère et même votre arrière grand mère (et plus) ont eu des dentelles mécaniques.



Ensuite, ce n'est pas parce que c'est écrit "fait main"  que c'est vrai, même si cette affirmation vous est donnée par un "professionnel"
D'abord parce que même les meilleurs peuvent se tromper, mais surtout c'est souvent ceux qui en savent le moins qui sont le plus sûrs d'eux.
Je remercie les marchands de dentelle qui ont l'honnêteté de mettre des points d'interrogations sur leurs étiquettes, de commencer leurs annonces par "sans doute", "il me semble", etc... c'est tout à leur honneur.



Enfin n'oubliez pas que ce n'est pas parce que vous achetez une dentelle à Quimper que c'est du crochet d'Irlande, et à Arras on ne trouve pas que de la dentelle de Lille ou de Valenciennes.
Dans le passé, les colporteurs avaient de très bonnes jambes .... et aujourd'hui, les marchands ont de très bonnes voitures !



Reconnaître une dentelle, c'est :

-  accumuler les indices

-  et s'exercer


Alors plutôt que de faire un  loooongs exposé généraliste  (ce dont je suis pourtant friande ), j'ai décidé de procéder par petites touches, et de vous donner les indices un peu en désordre, au gré des articles, tant pis.

Je vais essayer de m'adresser aussi bien aux dentellières qu'aux non dentellières et de ne pas trop employer de termes techniques (mais oups .... des fois, ça m'échappe, dites le mois quand c'est le cas  ) .


Alors, on commence ?



Parmi les  différents éléments qui constituent la dentelle et qui vont nous donner des indices , nous trouvons



Les motifs qui sont travaillés :

-  en Toilé (ou Mat), indiqué par la flèche bleue : C'est vraiment le principe du tissage : des fils de chaîne et de trame qui s'entrecroisent

- et/ou en Grille, indiquée par la flèche verte





Nous avons ensuite le réseau qui relie les différents motifs entre eux (flèche jaune)


les points de fantaisie, les décorations en quelque sorte (flèche rose)

et enfin les lisières en haut et en bas (flèche noire)








Notre premier indice aujourd'hui sera

l'observation du toilé

et pour exemple nous allons prendre une dentelle que vous devez connaître maintenant : la Valenciennes.

En haut de l'article, vous avez deux petites dentelles de Valenciennes, pas très belles, un peu raides pour des Valenciennes, mais elles ont l'avantage de proposer à peu près la même fleur.

La première , sur fond bleu, est mécanique, la deuxième sur fond orange est faite à la main.


Regardez le toilé de la dentelle à la main.

D'abord, cela ressemble vraiment à du tissu, tissu très fin et plus ou moins lâche selon les endroits , tissu irrégulier, mais c'est vraiment un aspect de tissage "normal'.

Ce qui est important dans la Valenciennes, c'est le mouvement de ce toilé : à la main, on peut lui donner un mouvement, une grâce, faire en sorte que les fils épousent le motif.

Souvenez vous d'ailleurs que dans la Valenciennes, il y a une paire de contour qui fait le tour de chaque motif, de chaque pétale même. 

Souvenez vous encore que pour les Valenciennes tardives (les plus courantes, comme toutes celles que je vous montre ici), la dentellière rajoute des fils en début de motif, et les enlève à la fin : on voit donc des petites bottes de fils bien visibles sur la photo au bout des deux pétales à droite)






Regardez maintenant le tissage mécanique.

Tout d'abord, ça fait un tissu un peu bizarre, j'ai l'habitude de dire que ça fait un tissage "côtelé",

Il est  souvent plus épais, plus raide (mais sur l'ordi, c'est pas évident ....)

Et surtout, les fils de trame et de chaine sont toujours bien droits , ils n'épousent jamais le motif.
C'est raide, aucun mouvement.

Vous n'avez pas bien sûr la paire de contour qui épouse la forme du pétale, vous n'avez pas non plus les bottes des fils rajoutés puis enlevés.




Vous aurez aussi cet aspect de mat côtelé et raide sur les imitations mécaniques du Flandre, du Paris, de la Malines par exemple.


Prenez l'habitude de regarder les détails des motifs qui se répètent : s'ils sont tous strictement identiques, avec éventuellement toujours les mêmes défauts aux même endroits, ça peut être le signe d'un travail mécanique .... ou bien d'une dentellière parfaite !

Souvenez vous qu'elles faisaient la même dentelle, le même motif,  pendant plusieurs mois, et même plutôt plusieurs années : c'est donc normal que le travail soir régulier, les erreurs rares,  sans pour cela que ce soit mécanique.





Cependant, voyez ces deux fleurs d'une même dentelle, on voit bien plusieurs petites différences ou irrégularités dans la façon de les travailler. Vous n'aurez pas ça sur de la mécanique.












Je vous ai dit qu'il fallait connaître les indices,

et s'exercer.

Pour vous exercer, je vous propose de cliquer sur le petit "bonhomme perplexe" pour voir un diaporama  (et dites merci à la dame, parce qu'elle en bave depuis 2 jours pour mettre au point ce bon sang de  ... grrrrr ..... de diaporama     )

Je vous conseille de regarder les photos à votre rythme, de vous faire votre idée, et ce n'est qu'ensuite que vous lirez les légendes des photos qui vous donneront quelques explications.








Pour vous exercer, vous avez aussi les brocantes, les sites de vente sur internet .... pas besoin d'acheter pour s'exercer .... et puis si un jour vous achetez, au moins ce sera en toute connaissance de cause (il m'arrive de m'acheter de la mécanique quand elle et belle !)

Personnellement, depuis toujours, quand je feuillette un livre ou revue de dentelle, j'essaye toujours de me faire ma propre opinion sur les dentelles photographiées : Valenciennes, Malines, Cluny, Alençon, main, chimique ?  et ce n'est qu'après que je regarde la légende.
Au début .... c'est très décourageant .... mais quand on commence à tomber juste de plus en plus souvent, yesssss quelle auto satisfaction





Si ce sujet vous intéresse et que vous voulez apprendre à reconnaître une dentelle main d'une mécanique (mais aussi une dentelle aux fuseaux, à l'aiguille, au crochet ....) , il vous faut un compte fil.
Même si, avec l'habitude, vous verrez que vous en aurez moins souvent besoin.



Ça se trouve chez les opticiens je pense, mais les marchands de matériel pour dentellières en ont aussi (De Liever par exemple).
 Ca doit valoir entre 5 et 10€ me semble-t-il.
Le mien a un grossissement x8, c'est très bien.



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31 juillet 2009 5 31 /07 /juillet /2009 08:00




L'appellation "Flandre" est trompeuse, plusieurs dentelles portent ce nom, de plusieurs styles, plusieurs époques, plusieurs techniques.
Il y a d'abord une appellation générique pour toutes les dentelles faites en Flandre au XVIIème, il y a  ce qu'on apelle "Vieux Flandre" et qui ressemble à du Milan, il y a un autre "Vieux Flandre" qui ressemble vaguement à de la Rosaline avec un réseau travaillé à l'aiguille.... bref, c'est une appellation à prendre avec précaution.


Nous allons parler dans cette article de la
Dentelle de Flandre
aux fuseaux, à fils continus sur réseau carré dit  "Maille à 5 trous".


Cette  dentelle de Flandre est issue d'une très ancienne, très noble et très riche famille de dentelles à fils continus de la région d'Anvers.
Vous connaissez déjà, au moins de nom, certaines de ses soeurs les plus proches : la douce Valenciennes, Malines la précieuse et Binche la fantasque.

La dentelle de Flandre telle que nous la connaissons (et pratiquons) actuellement est née dans la seconde moitié du XIXeme siècle.
C'est la "rustique" de la famille. Elle va reprendre  les motifs des vieilles dentelles flamandes XVIIème, mais les simplifier a l'extrême, privilégier le fond très solide de la maille à 5 trous  et utiliser généralement du fil plus gros.
Pour sa solidité, elle était souvent utilisée pour le linge de maison.






Sa principale caractéristique est donc son réseau carré , appellé aujourd'hui d'ailleurs "Fond Flandre".

Il était autrefois travaillé entièrement en passées tordues, ce qui donnait effectivement cette impression de petits carrés avec 5 ajours (points rouges sur la photo), d'où son nom de "maille à 5 trous".







Aujourd'hui, il est souvent travaillé avec un mélange de demi passées et de passées tordues, ce qui lui donne plutôt un effet de cannage.

Il est sans doute plus spectaculaire ainsi, mais à mon goût peut être trop spectaculaire, car il attire le regard au détriment des motifs qui ressortent moins.
.... opinion qui n'engage que moi ....

Il existe d'ailleurs beaucoup d'autres façons de travailler ce fond .... plus ou moins heureuses...





Les motifs sont souvent inspirés de la nature, le plus souvent floraux , ou parfois des animaux.

Ils sont généralement assez larges et occupent facilement toute la hauteur de la dentelle.

Ils sont très majoritairement travaillés en toilé (mat) avec des ajours comme sur l'exemple de gauche, et avec parfois quelques accents en grille.

Bien qu'aujourd'hui on travaille le Flandre comme sur l'exemple de gauche, en utilisant quasi systématiquement un cordon (=gros fil) qui cerne les motifs, ce cordon n'est pas omniprésent et ne doit pas être considéré comme une caractéristique du Flandre.





Au contraire, les motifs des dentelles plus anciennes n'étaient généralement pas cernés d'un cordon, mais une paire du toilé faisait le tour de motif afin de le rendre plus net (paire soulignée en bleu sur la photo).


Par contre, qu'il y ait un cordon ou pas, les motifs sont toujours cernés d'une "ceinture", c'est à dire d'une paire travaillée en passées tordues (ceinture signalée ici par les tirets rouges)

La dentelle de Flandre a gardé de ses riches ancêtres anversois quelques fonds de fantaisie, surtout quelques fonds de neige (dont un exemple signalé à droite par des points jaunes).

(c'est Malines, sa soeur, qui a raflé la quasi totalité des plus beaux fonds fantaisie de la famille....  pffff  .... )







Voici pour finir une dentelle de Flandre actuelle









et une vieille dentelle de Flandre au bord d'une petite coiffe-bonnet.

J'ignore son origine ... et j'ignore pourquoi les initiales ont été brodées, me semble-t-il, à l'envers ??? !!! 








































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6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 08:00




Entre 1870 et 1920 environ, il s'est beaucoup fait de petites dentelles étroites, à base de lacets ou de croquets mécaniques. Elles servaient pour border la lingerie, les manches, les petits cols pour enfants, etc.

Les revues de mode et d'ouvrages de l'époque, comme la "Mode Illustrée" par exemple, proposaient souvent des modèles de ces dentelles.

On a facilement tendance à regarder de haut ces dentelles étroites, au motif souvent très simple .
Et pourtant, si on prend le temps de les observer dans le détail, on se rend compte qu'il fallait quand même pas mal de patience et de minutie !



Que fallait-il pour réaliser ces dentelles ?

Un galon mécanique, droit ou "à médaillons"  comme ceux proposés à gauche.


A cette époque là, il était facile de trouver toutes sortes de "lacets médaillons"

.....

aujourd'hui par contre, c'est une autre histoire !

on trouve encore quelques lacets droits pour le Luxeuil .... mais je n'ai pas d'adresse pour le lacet médaillon (si vous en avez, n'hésitez surtout pas à me laisser un petit commentaire .... )







La dernière bande en bas est une bande de picot qui pouvait être cousue après coup sur la lisière extérieure de la dentelle.






Dentelle au crochet avec Lacet Médaillon 




C'est l'exemple que vous avez en haut de l'article, et dont voici un gros plan.

Tous ces lacets mécaniques, droits ou à médaillons étaient appelés lacets anglais.
Aussi, dans l'Encyclopédie des ouvrages de dames de Thérèse de Dillmont trouverez vous quelques exemples avec les explications (pages 343 et suivantes) sous le titre

"Dentelles au crochet guipure sur lacet anglais".


Ci dessous, vous avez un exemple proposé dans La mode Illustrée en 1871, et fait à partir de 2 lacets droits avec oeillets.




























Dentelle Renaissance avec Lacet Médaillon 

Dans ce cas, on utilise la technique de la dentelle dite "Renaissance" .... mais qui n'a rien à voir avec les dentelles de l'époque Renaissance.

Il s'agit de reporter le dessin de la dentelle sur un papier Kraft, de fixer le galon à grands points sur le papier, puis de relier entre eux les galons avec différents points de dentelle à l'aiguille.
Cette technique était très à la mode au XIXe et a été utilisée pour des dentelles étroites comme celle proposée ci dessous, mais aussi pour de larges napperons (*).

Dans les revues de la fin XIXe, on la voit souvent appelée elle aussi "dentelle anglaise".








Dentelle avec Lacet Médaillon sur Tulle 


Enfin, ces lacets à médaillons pouvaient aussi être montés sur du tulle comme sur cette petite dentelle (peut être  un petit col d'enfant ? ).



cette petite dentelle m'a toujours laissée songeuse :

- Il a fallu fixer le galon sur le papier kraft en suivant le dessin.
- Puis poser le tulle et le coudre au galon du bas mais aussi au galon droit du haut.
- A l'aiguille, broder le petit motif entre les galons du bas
- Puis broder les petits ronds dans le tulle (si vous regardez bien, on voir que le fil qui a servi à broder les ronds a été oublié à certains endroits :  on le voit encore passer d'un rond à l'autre).
- Il a fallu ensuite couper délicatement  le tulle au bord des motifs , et enfin broder les petits picots sur le galon du bas.



Picots exécutés à l'aiguille au bord d'un lacet mécanique.








.... franchement .....  je me demande si ça n'aurait pas été plus rapide à faire aux fuseaux, en dentelle de Lille ?





Dentelle avec croquet 
(Rickrack Lace en anglais)



Si les lacets médaillons sont difficiles à trouver aujourd'hui, on trouve par contre facilement du "croquet" dans toutes les bonnes merceries (.... quoi que .... les "bonnes merceries" se font rares aussi  )

le Croquet est un galon mécanique en zigzag que l'on trouve  même en couleurs.

La technique est la même que pour le lacet à médaillons, c'est à dire que la dentelle au croquet pouvait être travaillée soit au crochet, soit à  l'aiguille selon le principe de la dentelle Renaissance.







Fouillez dans vos p'tits bouts de dentelles ....
C'est le genre de chose : on en a, mais on les a jamais vraiment regardées !






Les photos marquées LMI  sont tirées de la Mode Illustrée
j'en connais une qui me lit régulièrement et qui va replonger le nez dans sa collection, non ?)

Las photos marquées LDR sont tirées d'un ouvrage ancien : "La dentelle Renaissance" Par Thérèse de Dillmont, ouvrage que vous pouvez consulter ici .
Vous y trouverez d'autres modèles ainsi que toutes les explications techniques.



(*) c'est le même principe que la dentelle vendue sous l'appellation "dentelle de Bruxelles" dans tous les magasins pour touristes de Bruges .... mais qui n'a rien, mais alors RIEN à voir avec la VRAIE dentelle de Bruxelles !


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